Il y a 740 millions
de personnes
déplacées dans le monde.
Parmi elles,
243 millions
ont franchi une frontière
pour s’installer dans un pays
autre que celui de leur naissance.
soit 3,3%
de la population mondiale.
Ce taux est le même
qu’il y a 25 ans : le nombre
de personnes migrantes
dans le monde augmente
au même rythme
que la population mondiale.
L’Amérique du nord
accueille 54 millions de migrants
soit 15% de sa population totale
L’Europe
accueille 78 millions de migrants
soit 10% de sa population totale
L’Asie
accueille 75 millions de migrants
soit 2% de sa population totale
L’Amérique latine
accueille 9 millions de migrants
soit 2% de sa population totale
L’Afrique
accueille 21 millions de migrants
soit 2% de sa population totale
L’Océanie
accueille 8 millions de migrants
soit 21% de sa population totale
Le saviez-vous ?
96.7 %
de la population
mondiale réside
dans son pays
de naissance.
Quand les personnes quittent leur pays, c’est le plus souvent pour s’installer dans un pays voisin : les Syriens en Turquie et au Liban, les Afghans au Pakistan et en Iran, les Soudanais et les Somaliens en Ethiopie, etc… Ainsi, la majorité des migrants qui vivent en Europe viennent d’un autre pays européen (66%).
Seule une minorité (34% en 2015) se déplace d’un pays du Sud vers un pays du Nord, contre 38% du Sud vers le Sud, 23% du Nord vers le Nord et 6% du Nord vers le Sud.
Presque la moitié des personnes migrantes dans le monde est originaire d’Asie (104 millions), et un quart est originaire d’Europe (62 millions). Bien après, viennent les personnes originaires d’Amérique latine et centrale (37 millions). Enfin, seulement 14 % sont nées en Afrique et parmi elles, la moitié est installée dans un autre pays africain.
Proportionnellement à sa population, l'Europe accueille le plus de migrants au monde.
*Personnes résidant dans un pays autre que celui de leur naissance selon les chiffres des Nationaux Unies
Le saviez-
vous ?
L'Europe
accueille
8 réfugiés
pour 1000
habitants
contre
183
pour 1000
au Liban
Les personnes migrantes sont souvent vues comme une entité uniforme, alors qu’il n’y a pas de profil démographique type.
Les données sont variables en fonction des régions. 48% des migrants internationaux sont des femmes mais elles ne sont que 42% en Asie. L’âge médian est de 39 ans, mais varie de 29 ans en Afrique à 44 ans en Océanie. Ces profils sont souvent le reflet des sociétés d’origine.
Les États et les textes juridiques opèrent constamment des distinctions entre les personnes en migration sur la seule base des causes et conditions de leur départ. Ces distinctions sont faites à des fins de tri par les pays d’arrivée, pour légitimer le choix des personnes qu’ils accepteront d’accueillir ou non : d’un côté, les migrants dits “économiques”, qui auraient quitté leur pays “par choix”, de l’autre, les réfugiés, contraints à l’exil. Cela occulte la multiplicité et la complexité des motifs de départ, souvent liés entre eux.
Même si les réfugiés et demandeurs d’asile sont perçus comme plus légitimes à se déplacer que les migrants dits “économiques”, ils ne sont pas pour autant accueillis à bras ouverts dans les pays riches.
Distincte de la catégorie des “réfugiés”, la catégorie des “migrants” connaît en outre de multiples sous-divisions, qui fondent une différence de traitement dans l’accès aux droits.
Quand une personne est contrainte de quitter sa région ou son pays en raison de la dégradation de son environnement ou d’une catastrophe naturelle liée au dérèglement climatique, doit-on la qualifier de “migrant économique”, puisqu’elle a perdu ses moyens de subsistance ou de “réfugié” fuyant des conflits pour l’accès aux ressources ? Ancrée dans un contexte politique et historique, la distinction migrants / réfugiés est inappropriée.
L’ONU prévoit 250 millions de personnes réfugiées climatiques dans le monde en 2050.
des migrations ont lieu
pour raisons familiales
au titre de
la libre circulation
au titre du travail
des migrations sont
dites "humanitaires"
le restant inclut
notamment les étudiants
Les pays pauvres ou
en voie de développement
accueillent la moitié
des réfugiés
dans le monde.
Être “migrant” n’est pas une réalité juridique unique. La catégorisation se fait sur la base des motivations au départ et du statut légal de la personne. Or seules quelques catégories sont protégées spécifiquement par des textes nationaux et internationaux, lorsqu’ils sont signés, ratifiés et respectés par les Etats.
La Déclaration universelle des droits de l’Homme garantit à “Toute personne […] le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays” (article 13). En pratique, certains pays comme l’Algérie, sanctionnent l’émigration irrégulière par des peines de prison.
La Convention internationale sur la protection de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille (1990) garantit l’égalité de traitement entre travailleurs étrangers et nationaux et certains droits pour les personnes en situation irrégulière (article 30). Néanmoins, elle n’est signée par aucun Etat de l’Union européenne.
La Convention de Genève de 1951 relative au statut de réfugié et le Protocole additionnel de 1967 font figure d’exception puisque 148 Etats sur les 193 membres de l’ONU les ont signés. Mais dans de nombreux pays, le statut de réfugié est attribué de façon très restrictive et les droits économiques et sociaux associés à ce statut difficilement appliqués. De plus, la sécurisation des frontières limite l’accès au territoire pour les demandeurs d’asile.
Le saviez-vous ?
Seuls 36 états
au monde ont ratifié les 5 textes onusiens relatifs aux migrations internationales.
Parallèlement à la mise en place de la libre circulation au sein de l’espace Schengen, les Etats membres de l’Union européenne ont, depuis les années 1990, renforcé les frontières extérieures de cet espace afin de mettre à l’écart les personnes considérées comme “indésirables”.
Les axes majeurs de ces politiques :Délocalisation et sous-traitance des contrôles dans les pays de départ ou de transit.
Coopération avec les pays voisins, d’origine et de transit à travers des financements (1,8 milliards d’euros promis fin 201510), une coopération policière et militaire et la signature d’accords pour faciliter les expulsions.
Déresponsabilisation : en s’en remettant aux États voisins, les États membres de l’UE n’ont pas à assumer leurs obligations internationales (permettre l’accès au territoire pour les demandeurs d’asile, appliquer le principe de non refoulement, etc.). Ils se dédouanent ainsi de leur responsabilité en cas de violation des droits.
Des lois restrictives sur l’accès au territoire engendrent une augmentation de la migration irrégulière. Le nombre de murs frontaliers s’est considérablement développé : d’une dizaine pendant la guerre froide, on en compte aujourd’hui 65 construits ou prévus dans le monde, y compris dans l’espace Schengen (Autriche / Slovénie, Hongrie / Serbie…).
À Calais, un véritable arsenal condamne l’accès au port : deux murs d’1 km de long, 10 km de doubles clôtures surmontées de barbelés, système de détection infrarouge le long de l’autoroute, haies d’épineux, inondations volontaires…
À Ceuta et Melilla, des barrières de séparation de plusieurs kilomètres empêchent toute entrée du Maroc vers les enclaves espagnoles. Capteurs sonores, câbles de détection de mouvements, caméras thermiques, ces dispositifs nécessitent un coût d’entretien de 10 millions d’euros… annuels.
Depuis 2000, le coût de la surveillance des frontières européennes est estimé à 13 milliards d’euros (80% pour expulser, 20% pour surveiller).
La mer est aussi le lieu d’opérations militaires : en Méditerranée, ces opérations se sont succédé, en partie pour porter assistance aux personnes en danger (Mare Nostrum), mais surtout dans l’objectif d’intercepter les embarcations et d’identifier les réseaux de passeurs (EUNAVFOR Med / Sophia, Triton, OTAN).
Autre pilier des politiques migratoires européennes, les procédures permettant d’enfermer puis d’expulser des personnes sont régulièrement renforcées. En 2008, une directive européenne a eu pour conséquence d’augmenter la durée de rétention administrative dans certains pays de l’UE.
Les politiques de l’UE ont développé une approche sécuritaire des migrations à travers la « lutte contre l’immigration clandestine » et l’amalgame avec la lutte contre le terrorisme. Ces mesures tendent à criminaliser les personnes migrantes et à légitimer les moyens déployés pour les mettre à l’écart.
Les moyens colossaux déployés pour stopper la migration irrégulière sont inefficaces et ont des conséquences mortelles. Les migrations restent les mêmes et les entrées irrégulières fluctuent au gré des évènements (révolutions arabes en 2011, crise syrienne depuis 2014) et non des politiques migratoires.
La fermeture des frontières n’empêche pas les personnes de se déplacer ou de devoir fuir. Mais elle les oblige à emprunter des routes plus longues, plus dangereuses dont la complexité requiert le recours très coûteux à des passeurs. Ainsi, les barrières autour de Ceuta et Melilla obligent à partir depuis la Libye, avec des risques de kidnapping, viols, etc, sans compter la traversée du désert.
Au moins 46 000 personnes ont disparu ou sont décédées lors d’un passage aux frontières depuis 2000. 2014 et 2015 comptent parmi les années les plus meurtrières avec plus de 5000 décès et disparitions par an, dont 70% enregistrés en Méditerranée.
La construction de l'Europe s'est accompagnée d'une facilitation de la circulation des personnes.
Les différentes composantes sécuritaires des politiques européennes ont été renforcées dès 2015 suite à l’augmentation des arrivées de personnes aux frontières italiennes et grecques. Et si la “crise” était plutôt liée aux défaillances des politiques d’accueil ?
Le saviez-vous ?
Les transferts d’argent
privés vers les pays
d’origine les moins
développés sont
trois fois supérieurs
aux montants
de l’aide publique au
développement.
L’idée de développer les pays pauvres pour réduire l’émigration et fixer les populations est souvent avancée comme solution au “problème” migratoire par les décideurs européens. Or ce lien entre développement et migration est surtout une construction politique pour légitimer le choix d’accueillir des personnes issues de pays à niveau de revenus équivalents et de rejeter les plus pauvres. De plus, les études tendent à montrer que le développement favorise, dans un premier temps, les migrations en permettant à un plus grand nombre d’avoir les moyens de migrer.
En réalité, les décideurs européens instrumentalisent l’aide publique au développement en la conditionnant à la coopération des pays voisins et pays d’origine pour réduire l’immigration “irrégulière”.
Or, l’aide au développement ne devrait pas être liée à la prévention des migrations.
Le droit à la mobilité s’exerce à plusieurs vitesses dans le monde selon la nationalité des personnes et le “risque migratoire” supposé. Un ressortissant français pourra voyager sans visa dans 157 pays quand celui de nationalité afghane n’aura accès qu’à 24 pays.
La fermeture des frontières est récente dans l’histoire, et occulte les migrations qui existaient traditionnellement. Considérer la migration comme un problème à résoudre revient à renier cette liberté fondamentale, consacrée par la Déclaration universelle des droits de l’Homme, qui, en tant que telle, doit être défendue et accessible à toutes et tous.
Devant le caractère
profondément inégalitaire
de ces politiques restrictives,
ne pourrait-on pas envisager
la liberté de circulation et
d’installation
comme alternative ?
Le saviez-vous ?
1 ressortissant français
peut voyager sans visa
dans 157 pays.
1 afghan aura accès
à 24 pays.
Double mouvement lors de la construction de l'Europe : facilitation de la circulation de certaines personnes à l'intérieur de l'espace Schengen, mais par ailleurs restrictions importantes sur la circulation des personnes vers l'Europe et par la suite (aujourd'hui) : remise en question de la circulation intra Schengen.